Georges Castera (1936-2020), deux (2) ans déjà, intemporel, éternel rebelle

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Georges Castera (1936-2020), deux (2) ans déjà, intemporel, éternel rebelle.

Le lundi 24 janvier 2022, à l’initiative de son Directeur-animateur, Boris B. Laroche, sous la coordination de Françoise, Raïsha et Frantz Bellerice, le Centre Culturel Georges Castera a organisé sa traditionnelle (deuxième) et très conviviale soirée artistique et littéraire d’hommage mérité au poète Georges Castera. À l’entière satisfaction des convives, elle s’est terminée par une note gourmande : un fabuleux cocktail fruité et de délicieux mets cuisinés par “le Chef” au goût du jour !

Avec la collaboration inconditionnelle du Centre Culturel Brésil Haiti, cette deuxième édition a été célébrée dans une alternance de témoignages, lectures de poèmes, chants, danses, expositions grâce à la prestigieuse participation directe ou indirecte, entre autres, de Lody Auguste, Aïnah F. Laroche, Anaïse Chavenet, Yanick Lahens, Michèle D. Pierre-Louis, Djénane Saint-Fleur, Werner Garbers (Neno), Olivier Simon, Pierre-Louis Élie, Pradel Henriquez, Syto Cavé, Pierre Brisson, John Moïse (Paltovanyan), Wooly Saint-Louis Jean, Ronald Jean Georges (Roldy), Weleleewa, sous la direction artistique du talentueux guitariste Pierre Rigaud Chéry, auteur-compositeur, co-fondateur du groupe Piti Piti, fondateur du groupe Marasa et Co-directeur du Centre Culturel Kreyolololo.

Pierre Rigaud Chéry a interprété avec brio son adaptation musicale du recueil Le coeur sur la main, repris chaque dimanche pour l’appréciation grandissante de Georges. Le public, dans son ensemble a applaudi, chanté en chœur, réceptif à la mélodie et aux variations, certes raffinées, de tant d’harmonie. Chapeau l’artiste ! Tu as su, dans ta conversion de l’ouvrage littéraire en ouvrage musicale, respecter les sentiments aux racines indubitablement castériennes sans altération de la prodigieuse luxuriance du poème !

2 ans déjà ! Georges Castera est éternel, un éternel rebelle. Il refusait de céder. Au travers de la richesse de sa création, nous retrouvons un poète né, un visionnaire convivial qui a fait choix de la dignité et n’a jamais raté une seule occasion de dénoncer la pauvreté, la souffrance, l’humiliation dont sont victimes les classes populaires de son pays.

A-t-on pris le temps de défricher, de labourer, de retourner cette Terre ( “ses” vers) ? Je n’ai ni l’intention ni la compétence requise pour étudier comme il convient un sujet aussi vaste et divers.

Le coupable… (Le coeur sur la main)

Certitude… (Voix de tête)

J’ai choisi deux (2) poèmes au hasard, mais j’aurais pu fermer les yeux et ouvrir les recueils à n’importe quelle page, la sensation serait la même.

Le coupable

Ba, Be, Bi, Bo, Bu,

dites-moi lequel

a bu ?

Ba ou Be ?

peut-être Bi ?

ou peut-être Bo ?

– Non, non,

c’est Bu qui a tout bu.

C’est lui et pas un autre.

CERTITUDE

Ce n’est pas avec de l’encre

que je t’écris

C’est avec ma voix de tambour

assiégé par des chutes de pierres

Je n’appartiens pas au temps des grammairiens

mais à celui de l’éloquence

étouffée

Aime-moi comme une maison qui brûle.

Le premier et le dernier sentiment, celui qui restera vrai et fidèle jusqu’à la fin et au-delà. 

On cherchera, on le cherchera encore et encore, le poète intemporel, à travers son œuvre, traverse les dimensions. C’est pourquoi dans chaque mouvement, dans chaque bruissement, dans chaque cri (barissement, cacquêtement, sifflement, grondement, roulement), on le retrouve ; c’est comme s’il faisait corps avec les racines, les signes de l’univers. Il était l’univers dans toute son arrogance et son humilité.

À nous de gérer cet héritage hors du commun.

On ne feuillette pas Georges Castera, on le “dévore”.

L’immensité de l’œuvre du poète éternel doit servir de leitmotiv aux générations futures, mais aussi de boussole pour le présent — ce présent trempé dans les eaux des limbes intemporelles qui nous désorientent depuis la nuit des temps.

Georges Castera, déjà 2 ans, intemporel, éternel rebelle.